Le monde regarde ailleurs, mais au cœur de l’Afrique, un pays s’effondre dans un silence presque total.
Depuis près de trois ans, le Soudan est ravagé par une guerre qui n’a ni vainqueur, ni horizon.
Deux généraux — deux anciens alliés devenus rivaux — s’affrontent pour le pouvoir, laissant derrière eux un paysage de ruines : 150 000 morts, 12 millions de réfugiés et 25 millions de personnes affamées.
Chaque jour, des familles fuient, des villages sont anéantis, des enfants naissent dans des camps où l’eau et la nourriture se font plus rares que les balles.
Pendant ce temps, la communauté internationale, paralysée, se contente de condamnations creuses.
Le Soudan meurt à petit feu — et le monde détourne le regard.
Un Pays pris au Piège du Chaos
Près de 150 000 morts, 12 millions de réfugiés, et 25 millions de personnes menacées par la famine : le Soudan vit l’une des pires crises humanitaires de la planète.
Depuis avril 2023, le pays est déchiré entre l’armée soudanaise, menée par le général Abdel Fattah al-Burhan, et les Forces de soutien rapide (FSR), dirigées par Mohamed Hamdan Daglo, dit Hemedti.
Ce duel pour le pouvoir a transformé la nation en champ de ruines.
Après 18 mois de siège, El-Fasher, dernier bastion stratégique de l’armée au Darfour, est tombée aux mains des FSR. Ces dernières contrôlent désormais presque toute la région, accentuant le déséquilibre du pays.
Selon l’International Crisis Group, cette chute marque « le moment redouté de la partition claire du Soudan » : une division de facto, désormais difficile à inverser.
Le Silence Coupable de la Communauté Internationale
Face à l’ampleur du drame, le monde reste étrangement passif.
En juin 2024, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté la résolution 2736, exigeant la levée du siège d’El-Fasher et l’accès humanitaire pour les civils.
Un an plus tard, aucune exigence n’a été respectée : les combats se poursuivent, les bombardements s’intensifient, et la famine ravage les camps de Zamzam et d’El-Fasher.
Les ONG décrivent une situation d’une gravité extrême, où la faim est utilisée comme arme de guerre. Pendant ce temps, les grandes puissances se contentent de condamnations symboliques, sans jamais peser sur le terrain diplomatique.
Deux Prédateurs pour Un même Trône
Ce conflit n’est pas une guerre de clans, ni de peuples. C’est une lutte de pouvoir entre deux anciens alliés, devenus ennemis jurés.
Les Soudanais, eux, subissent. Ils ne se battent pas les uns contre les autres — ils survivent à une guerre menée par deux hommes obsédés par le contrôle du pays.
L’armée, soutenue par certaines puissances régionales, tente de préserver son emprise sur l’État, tandis que les FSR, mieux financées et équipées, cherchent à s’imposer comme une nouvelle force dominante.
Mais la victoire de l’un comme de l’autre ne serait qu’une illusion : le pays est déjà brisé.
La perspective d’une nouvelle partition, sur le modèle tragique du Soudan du Sud, hante les observateurs. Deux pays, deux guerres, une même tragédie : celle d’un continent déchiré par les ambitions personnelles.
L’Ombre du Commerce d’Armes
Comme si le tableau n’était pas assez sombre, une enquête du Guardian a révélé que du matériel militaire britannique a été retrouvé sur des positions des FSR.
Des systèmes de visée et des moteurs pour véhicules blindés auraient transité par les Émirats arabes unis, déjà accusés d’alimenter les paramilitaires soudanais.
Ces découvertes soulèvent de lourdes questions sur la complicité indirecte de certains États dans la prolongation du conflit.
Une Nation qui Refuse de Mourir
Malgré l’exil, la faim et la peur, le peuple soudanais résiste.
Les comités civils et les journalistes en exil continuent de faire vivre l’idée d’un Soudan libre et démocratique, fidèle à son histoire politique.
Mais cette résistance se heurte à une réalité implacable : les infrastructures sont détruites, les écoles fermées, les hôpitaux à bout de souffle.
Dans les camps, des millions d’enfants grandissent sans connaître autre chose que la guerre.
L’Oubli comme Arme du Temps
Alors que la crise humanitaire s’aggrave, le monde détourne le regard.
Les projecteurs médiatiques sont braqués ailleurs, et le Soudan glisse lentement dans l’ombre de l’indifférence.
Chaque jour, des milliers de familles fuient, des villages sont rasés, et le pays s’efface un peu plus de la carte.
Le Soudan est aujourd’hui le symbole d’un continent laissé à lui-même, où les conflits s’enlisent faute d’attention internationale.
Une guerre sans fin, qui ne se nourrit plus seulement de balles et de bombes, mais du silence du monde.

