Dans les couloirs des écoles, le harcèlement scolaire reste un poids invisible mais lourd pour des milliers d’élèves. Moqueries, humiliations, violences verbales ou physiques : ces comportements répétitifs peuvent laisser des cicatrices profondes, psychologiques et sociales. En cette Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire, il est essentiel de rappeler que la prévention, l’écoute et l’action collective sont les clés pour protéger les enfants et adolescents, et que chaque acteur — élèves, enseignants, parents, institutions — a un rôle à jouer.
Un Phénomène aux Multiples visages
Le harcèlement scolaire ne se limite pas à un simple conflit entre élèves. Il se manifeste sous différentes formes : intimidation physique, insultes et moqueries répétées, isolement social, ou encore cyberharcèlement, une forme récente et particulièrement invasive. Selon les études, environ 10 % des élèves déclarent subir régulièrement des violences à l’école, tandis que le cyberharcèlement touche près de 15 % des adolescents, souvent à travers les réseaux sociaux et les messageries instantanées.
Les conséquences sont lourdes. « Les séquelles psychologiques peuvent durer des années : anxiété, dépression, perte de confiance en soi, voire pensées suicidaires », explique Marie Dubois, psychologue spécialisée dans les violences scolaires. « Certaines victimes deviennent repliées ou agressives, et le cercle de la souffrance peut s’étendre à toute la communauté scolaire ».
La Prévention commence Dès le plus jeune Age
Face à ce fléau, l’éducation reste le premier rempart. Sensibiliser les élèves aux comportements respectueux, leur apprendre à identifier le harcèlement, à réagir et à soutenir leurs pairs, est essentiel. Les ateliers, jeux de rôle et modules pédagogiques permettent aux enfants de comprendre les impacts de leurs actes, mais aussi de développer l’empathie et la solidarité.
« La prévention passe aussi par l’implication des enseignants et des parents », souligne Pierre Martin, directeur d’école à Mayotte. « Les adultes doivent être formés à repérer les signes de détresse, à créer un climat de confiance et à appliquer des règles claires pour que l’école reste un lieu sûr ».
Certaines initiatives vont plus loin, en intégrant le numérique dans la prévention. Les programmes sur les réseaux sociaux, la sécurité en ligne et le cyberharcèlement permettent aux jeunes de se protéger et de signaler les abus, tout en responsabilisant les témoins.
Témoignages : la Parole des Victimes
Les chiffres sont parlants, mais la parole des victimes l’est encore plus. « J’étais seule dans ma classe, tout le monde se moquait de moi à cause de mes lunettes », confie Léa, 12 ans. « J’avais peur de venir à l’école, je ne voulais plus parler à personne ». Des témoignages comme le sien rappellent combien le silence peut aggraver la souffrance.
D’autres jeunes témoignent du cyberharcèlement, où les moqueries suivent l’élève jusque chez lui. « Sur les réseaux, ils ont partagé des photos modifiées pour se moquer de moi. J’avais honte et je me sentais prisonnière », raconte Ahmed, 14 ans. Ces expériences montrent que la prévention doit être globale, à l’école comme en ligne.
Les Dispositifs et Solutions : Agir Collectivement
La Journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire est aussi l’occasion de rappeler les dispositifs disponibles. Les numéros verts, les plateformes de signalement et les cellules d’écoute dans les établissements permettent aux victimes de trouver aide et protection. Les associations, en collaboration avec les écoles, organisent ateliers, conférences et campagnes de sensibilisation pour démontrer l’importance de la bienveillance et du respect mutuel.
Les actions collectives sont cruciales : chaque témoin peut changer la dynamique, en alertant un adulte ou en soutenant la victime. « Parler et agir peut sauver des vies », rappelle Marie Dubois. « La prévention n’est pas seulement une affaire d’adulte : les élèves ont eux aussi un rôle déterminant à jouer ».
L’école, un Lieu d’apprentissage mais Aussi de Protection
Le harcèlement scolaire ne doit jamais être normalisé. Les établissements ont la responsabilité de créer un climat sûr, basé sur la confiance, le respect et l’écoute. La formation des enseignants, la médiation entre élèves et l’implication des familles permettent de réduire les tensions et de prévenir l’escalade des violences.
À Mayotte et dans toute la France, la sensibilisation se déploie dans les écoles primaires comme secondaires. Les ateliers interactifs, les programmes numériques et les campagnes de communication sont autant d’outils pour développer la conscience collective et protéger les élèves.

