L’endettement auprès du Fonds Monétaire International est l’un des baromètres les plus scrutés de la santé économique d’une nation. Si un faible niveau de dette est souvent perçu comme un signe de vertu et de souveraineté, une analyse approfondie des données africaines en août 2025 révèle une image bien plus nuancée. Derrière les classements se cachent des philosophies économiques distinctes, voire opposées.
Le Paysage de la Dette FMI en Afrique : les Deux Extrêmes
Les données officielles du FMI pour août 2025 dessinent un paysage de forts contrastes. D’un côté, des pays avec une exposition minimale au Fonds, de l’autre, des économies majeures engagées dans des programmes de financement conséquents.
Top 10 des Pays Africains les Moins Endettés auprès du FMI (Août 2025)
| Rang | Pays | Encours des Crédits (en DTS) | ||
| 1 | Eswatini | 9,812,500 | ||
| 2 | Lesotho | 11,660,000 | ||
| 3 | Comores | 23,150,680 | ||
| 4 | Sao Tomé-et-Principe | 30,995,438 | ||
| 5 | Djibouti | 31,800,000 | ||
| 6 | Guinée Équatoriale | 51,496,501 | ||
| 7 | Guinée-Bissau | 55,317,400 | ||
| 8 | Namibie | 71,662,500 | ||
| 9 | Cap-Vert | 76,626,000 | ||
| 10 | Somalie | 94,500,000 | ||
| Source : Données du FMI |
Top 10 des Pays Africains les Plus Endettés auprès du FMI (Août 2025)
| Rang | Pays | Encours des Crédits (en DTS) | ||
| 1 | Égypte | 11,967,390,698 | ||
| 2 | Angola | 3,113,840,000 | ||
| 3 | Kenya | 2,683,180,317 | ||
| 4 | Ghana | 2,525,490,000 | ||
| 5 | Côte d’Ivoire | 2,230,230,000 | ||
| 6 | Nigeria | 2,168,107,249 | ||
| 7 | RD Congo | 1,931,250,000 | ||
| 8 | Sénégal | 1,607,430,000 | ||
| 9 | Ouganda | 1,491,900,000 | ||
| 10 | Zambie | 1,385,840,000 | ||
| Source : Données du FMI |
Ces deux tableaux ne montrent pas simplement les « bons » et les « mauvais » élèves. Ils illustrent deux approches radicalement différentes de la gestion économique et de la relation avec les institutions de Bretton Woods.
Deux Stratégies, une Même Quête de Confiance
Le Modèle de l’Autonomie : Le Cas d’Eswatini
Eswatini, leader des pays les moins endettés, incarne la stratégie de l’autonomie. Avec une croissance solide prévue à 4.3% en 2025, le royaume n’a pas besoin du FMI comme prêteur, mais l’utilise pour son assistance technique. Cette faible exposition lui garantit une liberté quasi-totale dans ses politiques économiques et budgétaires. C’est un luxe qui renforce la confiance des marchés, car il témoigne d’une stabilité fondamentale qui n’a pas besoin de validation externe. Pour Eswatini et les autres pays de la première liste, souvent des micro-États ou des nations aux fondamentaux stables, un faible endettement FMI est la preuve d’une souveraineté économique maîtrisée.
Le Modèle de l’Engagement Stratégique : Le Contre-Exemple Kényan
À l’opposé, la présence du Kenya sur le podium des pays les plus endettés n’est pas le signe d’une économie à la dérive, mais celui d’un engagement stratégique. Nairobi utilise activement les programmes du FMI non pas comme une bouée de sauvetage, mais comme un levier. Pour une grande économie en pleine réforme, l’argent du FMI est important, mais son « sceau d’approbation » l’est encore plus. En acceptant la discipline et la surveillance du Fonds, le Kenya envoie un signal puissant aux investisseurs privés et aux autres créanciers : le pays est engagé sur une trajectoire de réformes sérieuses et crédibles. Dans ce modèle, le FMI devient un partenaire tactique, un outil pour attirer des capitaux bien plus importants et pour faire passer des réformes internes difficiles.
En conclusion, il n’existe pas de voie unique vers la crédibilité économique. Si le classement brut offre un instantané fascinant, la véritable histoire se lit dans les stratégies qu’il révèle. Entre la prudence souveraine d’Eswatini et l’engagement calculé du Kenya, deux philosophies se dessinent pour atteindre un même but : garantir la confiance, moteur indispensable à tout développement.

