Un jour, un chiffre… et des millions envolés.
C’est un chiffre qu’on évite. Une date qu’on redoute. Un jour qui ne ressemble pas aux autres.
Le vendredi 13, mélange subtil de croyance ancestrale et d’angoisse contemporaine, continue de peser sur nos choix, parfois sans même que nous en ayons conscience. Derrière les blagues de bureau et les clins d’œil culturels, ce mythe en dit long sur nos rapports au risque, à l’inconnu et à la rationalité économique.

La superstition plus forte que les données
Malgré un monde régi par les algorithmes et les prévisions chiffrées, le vendredi 13 reste une anomalie émotionnelle. Il renforce les biais cognitifs et déstabilise même les plus rationnels. Des décisions sont reportées, des réunions annulées, des investissements gelés. Dans certains pays, le trafic aérien diminue de 5 % ce jour-là. À Wall Street comme dans les PME malgaches, la superstition s’invite discrètement dans les agendas.
Des effets bien réels sur l’économie
On pourrait croire à une coïncidence, mais les chiffres parlent : certaines études montrent des baisses d’activité commerciale, des recettes en repli et une hausse des absences au travail. À Madagascar ou à l’île Maurice, si les données statistiques sont rares, les témoignages abondent : « Je ne signe jamais un contrat un vendredi 13 », confie un entrepreneur de Mahajanga. Le jour, même non férié, devient un frein invisible à l’action.
L’économie de la peur
Paradoxalement, cette peur irrationnelle a engendré un micro-marché très rationnel. Loteries spéciales, ventes flash, campagnes marketing sur “le jour le plus chanceux”… Le vendredi 13 est devenu un outil promotionnel. Des marques s’en emparent pour détourner la superstition et stimuler la consommation. Et ça marche : les ventes de jeux de hasard explosent, les campagnes d’emailing affichent de meilleurs taux d’ouverture. La peur se transforme en levier économique.
Un miroir de nos vulnérabilités
Au fond, ce n’est pas le vendredi 13 qui est problématique, mais ce qu’il révèle. Notre propension à chercher des repères dans le chaos, à redouter ce qu’on ne contrôle pas, à freiner nos ambitions face à l’incertitude. En cela, il agit comme un révélateur puissant de nos fragilités intimes et collectives. Il montre à quel point la rationalité économique est poreuse aux affects, aux récits, aux mythes.
Et si le vrai malheur n’était pas de tomber un vendredi 13, mais de laisser la peur guider nos pas ?
Nos sociétés, bien que technologiquement avancées, restent marquées par des héritages invisibles. Refuser de signer, de s’engager ou d’avancer ce jour-là, c’est céder un peu de notre pouvoir à l’irrationnel. Or, c’est justement dans les moments incertains que les décideurs — jeunes ou expérimentés — doivent garder le cap. Ne pas se laisser paralyser. Oser l’action éclairée.
Parce qu’au fond, ce n’est pas le calendrier qui décide de notre chance. C’est ce que nous en faisons.