Le Fonds Monétaire International (FMI) a demandé au gouvernement zimbabwéen de fournir des clarifications urgentes sur sa stratégie d’abandon du dollar américain d’ici 2030. Dans un rapport publié ce 3 octobre à l’issue de sa mission annuelle, l’institution de Washington juge l’objectif ambitieux et souligne la fragilité d’une économie où la nouvelle monnaie nationale, le ZiG (Zimbabwe Gold), peine encore à s’imposer.
Le rapport note que « le rôle du ZiG dans l’économie reste limité » et que la crédibilité de la politique monétaire demeure « faible ». Lancé en avril 2024, le ZiG, sixième tentative de restaurer une monnaie nationale depuis l’hyperinflation des années 2000, n’a été que marginalement adopté. La plupart des entreprises et des ménages continuent de fixer leurs prix et de contracter en dollars américains, maintenant une forte dollarisation de l’économie.
Des clarifications sont nécessaires pour éviter toute incertitude dans le secteur financier et protéger la stabilité encore fragile de l’économie. — Rapport du FMI
Le FMI s’inquiète du manque de précision du plan de dédollarisation, notamment sur des points clés comme l’avenir des dépôts bancaires en dollars. Cette incertitude pousse déjà certaines banques locales à réduire leurs prêts en dollars, provoquant une contraction du crédit qui freine l’investissement.
Par ailleurs, l’institution met en garde contre des « tensions budgétaires croissantes qui risquent de compromettre les récents gains de stabilité ». Elle appelle Harare à renouer le dialogue avec ses créanciers pour restructurer une dette extérieure estimée à 21 milliards de dollars, qui prive le pays d’accès aux financements internationaux depuis plus de deux décennies. Le FMI a confirmé fournir une assistance technique à la Banque centrale du Zimbabwe (RBZ) pour moderniser ses marchés, mais prévient que le succès du ZiG dépendra avant tout de la confiance du public et d’une discipline budgétaire durable.
