La semaine prochaine, Antananarivo ne sera pas seulement la capitale de Madagascar, mais celle de toute l’Afrique Australe. En accueillant le 45ème Sommet des chefs d’État et de gouvernement de la SADC les 17 et 18 août, la Grande Île se positionne au centre d’une dynamique prometteuse. Au-delà du passage de flambeau de la présidence du Zimbabwe à Madagascar, cet événement est porteur d’un message puissant : l’heure est à la construction. Avec un thème central axé sur « la promotion du développement des infrastructures pour une industrialisation durable et l’intégration régionale », ce sommet pourrait bien marquer le véritable coup d’envoi d’une décennie de transformation.
Des Fondations pour Une prospérité Partagée
Le thème des infrastructures n’a rien d’anodin ; il est éminemment stratégique. Pour une région aussi vaste et diversifiée que l’Afrique Australe, la connectivité est le nerf de la guerre économique. Il ne s’agit plus seulement de construire des routes, mais de bâtir des écosystèmes : des corridors de transport multimodaux qui relient les ports aux zones de production, des réseaux énergétiques qui garantissent une électricité fiable et abordable pour les industries, et une infrastructure numérique qui permet aux entreprises de toutes tailles de s’insérer dans l’économie mondiale. Le Plan Directeur de Développement des Infrastructures Régionales de la SADC existe ; ce sommet à Antananarivo est l’occasion politique de lui donner une impulsion décisive, de mobiliser les financements et de lever les derniers blocages administratifs.
Le Leadership Malgache, un Signal fort
Que la présidence de la SADC revienne à Madagascar est un symbole fort. Longtemps perçue comme étant à la périphérie du continent, la Grande Île prend les rênes avec l’ambition de prouver que les nations insulaires sont des acteurs centraux de l’intégration. Ce leadership offre une opportunité unique de mettre l’accent sur des enjeux spécifiques, souvent sous-estimés : la sécurité maritime, la connectivité portuaire et aérienne entre les îles (Madagascar, Maurice, Seychelles) et le continent, et le développement de l’économie bleue comme un pilier de l’industrialisation régionale. En plaçant l’un des siens à la tête de l’organisation, les États insulaires de la SADC peuvent espérer voir leurs priorités monter en puissance dans l’agenda commun.
Transformer l’Ambition en Réalité
L’optimisme ambiant repose sur une prise de conscience collective : aucun pays de la SADC ne peut réussir seul. Les défis, qu’il s’agisse du changement climatique ou de la concurrence sur les marchés mondiaux, exigent une réponse coordonnée. Le sommet d’Antananarivo sera le théâtre de discussions cruciales sur les mécanismes de financement innovants, impliquant non seulement les grandes banques de développement mais aussi le secteur privé, de plus en plus désireux d’investir dans des projets bancables et à fort impact. L’enjeu sera de transformer les plans directeurs en un pipeline de projets concrets, prêts à être lancés. En prenant la présidence, le président Andry Rajoelina hérite d’une responsabilité, mais surtout d’une plateforme exceptionnelle pour catalyser cette transformation. L’Afrique Australe et ses partenaires auront les yeux rivés sur sa capacité à transformer cette opportunité en résultats tangibles pour des millions de citoyens.

