Longtemps confrontée à des rendements limités, l’agriculture rizicole malgache explore aujourd’hui une voie nouvelle avec l’introduction des semences hybrides. Si la promesse technologique a pu susciter des doutes, elle commence désormais à convaincre sur le terrain. À Amparafaravola, les premiers résultats ne relèvent plus de la projection, mais de la performance mesurable : les parcelles pilotes affichent jusqu’à trois fois plus de rendement que les cultures traditionnelles. Une évolution qui pourrait bien transformer en profondeur les équilibres agricoles du pays.
Une promesse de productivité devenue réalité
Dans la commune d’Ambohijanahary, district d’Amparafaravola, la transition vers le riz hybride marque un tournant agricole majeur. Porté par un programme national lancé en février par le président Andry Rajoelina, ce modèle agronomique affiche des résultats spectaculaires : de 9 à 12 tonnes de riz par hectare, soit trois fois plus que les rendements habituels.
Raholison Tahiry, l’un des 1 358 agriculteurs engagés dans le projet, observe une transformation nette de ses cultures : « Avec le riz hybride, un seul pied donne jusqu’à 25 talles et près de 200 grains par épi. Le riz classique n’en donne que 60. »
Un paquet technologique complet, pas seulement une semence
Le succès ne repose pas uniquement sur la variété de riz utilisée. Les producteurs bénéficient également d’un accompagnement en intrants, notamment en engrais minéraux et organiques. Ce soutien combiné améliore la fertilité des sols et optimise la croissance des plants.
Pour Alfred, président du réseau de producteurs Tambazotran’ny Tantsaha, l’évolution est visible : « Même les plus sceptiques changent d’avis. À mi-saison, la différence saute aux yeux. »
Un enjeu local aux résonances nationales
Les autorités locales se mobilisent pour étendre l’expérience à plus grande échelle. Pour Lala Arsène, responsable du développement communal : « Nous allons œuvrer pour que ces semences soient vulgarisées. L’autosuffisance alimentaire n’est plus une utopie. »
Même écho au niveau national. Mbola Andriamanga, directeur en charge de la transformation du système agricole, estime que « cette campagne démontre l’efficacité concrète du programme Riz Hybride. Même avant la récolte complète, les résultats sont déjà très prometteurs. »
Un programme à large échelle
Depuis son lancement, le programme a permis la distribution de :
- 200 tonnes de semences hybrides
- 6 000 tonnes d’engrais
- Au profit de 32 000 bénéficiaires
- Dans 44 districts répartis sur 12 régions
- Sur une superficie agricole totale de 8 000 hectares
Vers une souveraineté alimentaire fondée sur la science et la volonté politique, le riz hybride à Madagascar ne relève plus de la simple expérimentation. Il s’impose, localement, comme une réponse crédible et mesurable à la sous-productivité chronique du secteur agricole.