Le cyclone Chido, qui a frappé Mayotte en décembre 2024, a laissé des traces profondes. Au-delà des pertes humaines et des dégâts matériels visibles, la question de la reconstruction de l’archipel devient aujourd’hui un véritable enjeu économique et politique de long terme. Selon le sénateur Saïd Omar Oili, le montant total nécessaire pour remettre sur pied le territoire atteint désormais 6,7 milliards d’euros. Une somme colossale, révélée à la faveur d’un rapport qu’il a arraché aux autorités après plusieurs mois d’insistance.
Un rapport enfin dévoilé sous la pression
Saïd Omar Oili, sénateur de Mayotte, a annoncé avoir obtenu le très attendu rapport d’évaluation des dégâts causés par le cyclone. Ce document officiel, réalisé par une mission inter-inspections, chiffre à 3,5 milliards d’euros les dépenses d’urgence, pertes d’activités et dommages sur les infrastructures. Le parlementaire, qui dénonce un manque de transparence de la part du gouvernement, souligne que ce rapport a été transmis trop tard pour que la commission économique du Sénat puisse en tenir compte lors de l’examen du projet de loi “Mayotte”.
Un déficit criant de transparence
Dans un communiqué ferme, le sénateur estime que le travail parlementaire a été entravé. “Ce manque de transparence est totalement préjudiciable”, écrit-il. Il rappelle que les Mahorais, comme leurs élus, sont en droit de connaître précisément l’ampleur financière des conséquences du cyclone et les moyens nécessaires à la reconstruction. L’absence de données précises en amont des discussions législatives affaiblit, selon lui, la portée du débat démocratique.
Une addition qui grimpe à 6,7 milliards
Mais au-delà des 3,5 milliards estimés pour la réponse à la catastrophe, Oili appelle à une vision globale des efforts à engager. Il propose de réintégrer les 3,176 milliards d’euros déjà prévus pour d’autres projets d’infrastructures stratégiques à Mayotte — comme la construction d’un deuxième hôpital, d’un second centre pénitentiaire, ou encore d’une nouvelle retenue collinaire. Ainsi, le coût global de la “(re)construction” de Mayotte s’élèverait à 6,7 milliards d’euros, une enveloppe qui symbolise à la fois l’urgence et la refondation à long terme de l’archipel.
Une refondation bien au-delà de la seule urgence
Ce chiffre de 6,7 milliards ne représente pas seulement la réponse à une catastrophe naturelle. Il illustre la nécessité, pour l’État français, de repenser en profondeur l’intégration de Mayotte au sein de la République. Alors que l’île subit une pression démographique, sociale et migratoire intense, les investissements post-cycloniques deviennent l’occasion — ou le prétexte — d’un véritable programme de développement structurel.
Un message politique fort pour les Mahorais
En concluant sur le fait que « l’obstination paye », le sénateur Oili délivre un message politique à double portée. D’abord à destination des institutions françaises, qu’il exhorte à plus de clarté et d’engagement. Ensuite, à ses concitoyens, à qui il rappelle que le combat pour une meilleure reconnaissance de Mayotte passe par une vigilance constante et une pression démocratique continue.
Les prochains mois diront si cette estimation de 6,7 milliards devient réalité budgétaire, ou si elle reste un symbole des retards structurels qui affectent l’archipel depuis des décennies.