Il y a des rêves qu’on enterre à force d’écouter les peurs des autres.
On les range bien sagement dans un coin de notre esprit, sous la pression des regards qui jugent, des voix qui nous répètent d’être réalistes, des règles invisibles qui dictent ce qu’il est permis d’espérer. Peu à peu, ces rêves s’éteignent… du moins, c’est ce que l’on croit.
Mais certains refusent de mourir.
Ils restent là, obstinés, tapis dans les silences de nos nuits, dans les soupirs lancés entre deux réunions, dans les battements irréguliers d’un cœur qui se demande encore “et si…”. Ce sont ces rêves qui murmurent, même quand tout semble figé. Ceux qu’on n’a jamais vraiment oubliés.
Et si, pour une fois, on leur redonnait voix ?

Penser petit est devenu la norme
Dans un monde qui élève la prudence au rang de vertu, où l’on nous répète dès l’école de « viser raisonnable », oser rêver grand peut vite être perçu comme une arrogance. On applaudit la réussite, mais on décourage souvent l’audace qui la précède. Dans les couloirs de certaines entreprises, dans les familles modestes, même parfois dans nos propres têtes, le rêve est trop souvent relégué au rang de distraction naïve. Et pourtant, sans rêve, rien ne commence.
Le monde a changé, mais les mentalités peinent à suivre
Les jeunes d’aujourd’hui grandissent dans un monde interconnecté, saturé d’opportunités numériques, mais toujours cloisonné par des récits anciens : sois réaliste, prends ce qu’on te donne, ne vise pas trop haut. Une vision étroite héritée d’une époque où la survie primait sur la création. Aujourd’hui, cette petite pensée freine des élans. Elle cultive la peur du jugement, du risque, de l’échec.
Mais l’échec n’est pas un drame. C’est le terreau de l’innovation, du rebond, du vrai courage.
Rêver grand, c’est prendre le monde au sérieux
Rêver grand, ce n’est pas se perdre dans l’utopie. C’est au contraire refuser de se soumettre à une réalité incomplète. C’est croire qu’on peut bâtir une entreprise qui transforme son quartier, écrire un livre qui traverse les frontières, créer une solution locale à un problème global. Ce n’est pas une posture. C’est une responsabilité.
Ceux qui changent le monde ne sont pas ceux qui en acceptent les limites, mais ceux qui les redessinent.

Une ambition qui dérange
Il faut le dire : rêver grand, ça dérange. Cela questionne, cela bouscule, cela suscite des résistances. Le rêve met à nu les renoncements des autres. Il rappelle qu’il est encore possible de faire plus, d’aller plus loin. Et c’est précisément pour cela qu’il est précieux.
Face à la condescendance ambiante, à la peur du ridicule ou de l’échec, tenir bon sur son rêve est un acte de résistance lucide.
Bâtir un avenir différent, pas juste survivre dans l’ancien
À Madagascar, dans l’Océan Indien, en Afrique de l’Est, la jeunesse est nombreuse, vivante, créative. Mais elle est trop souvent enfermée dans un imaginaire de survie : décrocher un poste, trouver un revenu, rester à flot. Il est temps de nourrir d’autres récits : ceux où l’on bâtit, on invente, on transcende.
Parce que ceux qui rêvent grand finissent toujours par déplacer les lignes. Lentement, parfois douloureusement, mais durablement.
Le monde d’aujourd’hui a besoin de moins de conformité et de plus de courage. Il a besoin de voix qui osent, d’esprits qui s’évadent, de cœurs qui persistent.
Alors oui, dans un monde qui pense petit, rêver grand est un acte radical. Et c’est peut-être exactement ce que notre époque attend de nous.