Antananarivo, 19 mai, 10h30 – La perspective d’une modernisation de la ligne ferroviaire reliant Antananarivo à Toamasina revient sur le devant de la scène. En marge du lancement officiel des travaux sur la RN10 à Ampanihy, le représentant résident de la Banque mondiale à Madagascar, Atou Seck, a évoqué cette possibilité comme un axe stratégique de collaboration future avec l’État malgache.
Ce projet figure parmi les grandes priorités en matière d’infrastructures pour la Grande Île. S’il se concrétise, il pourrait transformer l’un des corridors économiques les plus vitaux du pays, en assurant une liaison logistique plus fluide, moins coûteuse et plus sécurisée entre la capitale et le principal port malgache.
Une réponse aux défis logistiques chroniques
Actuellement, la quasi-totalité des flux de marchandises entre Antananarivo et Toamasina transite par la RN2, une route saturée, vulnérable aux aléas climatiques et sujette à de nombreux accidents. La réhabilitation du rail permettrait de désengorger cette artère critique et de réduire sensiblement les délais de transport et les risques d’interruption.
Selon Atou Seck, une ligne modernisée ne se contenterait pas de fluidifier les échanges : elle permettrait également d’abaisser les coûts logistiques, qui freinent aujourd’hui la compétitivité de nombreux acteurs économiques malgaches.
Un potentiel économique sous-exploité
Dans un rapport conjoint, la Banque mondiale et la Société financière internationale (SFI) ont déjà souligné le rôle que pourrait jouer une infrastructure ferroviaire opérationnelle pour dynamiser le secteur privé malgache. Elles estiment qu’un réseau correctement rénové et entretenu pourrait devenir financièrement viable, à condition d’y associer une gouvernance solide et des volumes de transport suffisants.
Une telle infrastructure permettrait également de revitaliser les économies locales tout au long de l’axe Antananarivo-Toamasina, en facilitant l’accès au marché pour les producteurs agricoles, industriels et commerçants des zones intermédiaires.
La diplomatie du rail
Madagascar ne se tourne pas uniquement vers la Banque mondiale. Le projet s’inscrit aussi dans un cadre diplomatique plus large. Lors de la récente visite d’État du président Emmanuel Macron, la France a été sollicitée pour participer à la réhabilitation de la ligne Antananarivo-Toamasina, mais aussi à l’équipement de la ligne Fianarantsoa-Manakara.
Ces discussions s’inscrivent dans une logique de partenariat stratégique pour la modernisation des infrastructures malgaches. La contribution française pourrait porter aussi bien sur le financement que sur la fourniture de matériel roulant, ainsi que l’assistance technique à la gestion des lignes.
Un projet structurant à surveiller
Alors que Madagascar cherche à renforcer ses capacités logistiques et à mieux connecter ses pôles économiques, le projet ferroviaire entre Antananarivo et Toamasina apparaît comme l’un des dossiers à suivre de près. Il pourrait bien, à terme, incarner une nouvelle ère de coopération internationale tournée vers les infrastructures durables et résilientes.
Mais pour cela, il faudra lever de nombreux défis : coordination interinstitutionnelle, sécurisation des financements, et surtout, une volonté politique constante pour faire de ce chantier une réalité.