De Petite-Terre aux salons de l’Élysée, Mzuri Sana porte le savoir-faire ancestral mahorais sous les feux de la reconnaissance nationale. Une dentelle d’or et d’argent qui raconte l’histoire d’une île et de ses artisans, entre tradition et modernité.
Une maison Née du Cœur et du Feu
Créée en 2019, Mzuri Sana, « la grande beauté » en shimaoré, est le fruit de la rencontre entre l’horloger Sylvain Arnoux et le commerçant Marcel Rinaldi, accompagné de son épouse Maya. Ensemble, ils ont voulu unir geste traditionnel et ambition contemporaine. De Petite-Terre à Mamoudzou, leur atelier mêle techniques ancestrales et innovations modernes pour révéler un savoir-faire rare : le filigrane mahorais.
« Chaque bijou raconte une histoire, celle de notre île, de ses hommes et de sa culture », confie Arnoux. Plus qu’un simple objet, le filigrane devient un vecteur d’identité et de mémoire.
Le filigrane : Patience et Précision
Dans l’atelier, l’or et l’argent se transforment en dentelle fine, fil après fil. « Le filigrane mahorais est un des plus fins du monde », explique Arnoux. Les fils, parfois d’à peine 0,10 millimètre, nécessitent jusqu’à trois semaines de travail pour une seule pièce.
Subventions européennes et machines laser viennent compléter, sans dénaturer, ce geste millénaire. « Nous modernisons le processus sans perdre l’âme du métier. Chaque bijou conserve cette finesse et cette patience qui font sa valeur », précise l’artisan.
Après la Tempête, la Renaissance
Le cyclone Chido, en décembre 2024, avait dévasté l’atelier. Toiture arrachée, machines noyées, outils brisés… Mais la petite équipe a tenu bon, reconstruisant fil après fil, bijou après bijou. La catastrophe a renforcé leur esprit d’équipe et leur passion pour le métier.
Aujourd’hui, l’atelier ne désemplit plus : la production s’emballe, les ventes s’envolent, et Mzuri Sana, portée par un succès inattendu, imagine déjà de nouvelles boutiques et initiatives de formation pour inspirer les jeunes Mahorais à suivre cette voie.
Sous les Ors de la République
À l’occasion de la Grande Exposition du Fabriqué en France, les visiteurs de l’Élysée découvriront un filigrane unique : un bijou né au cœur de l’océan Indien.
On veut faire rayonner Mayotte, son artisanat, son talent.
Sylvain Arnoux
Entre tradition et modernité, Mzuri Sana incarne la beauté patiente d’une île souvent oubliée, aujourd’hui mise sous les projecteurs nationaux. L’exposition est également une vitrine pour montrer que la création mahoraise peut rivaliser avec les meilleurs savoir-faire français et internationaux.
