À Soweto, Nomsa, 52 ans, apprend que sa tension est trop élevée. « Je ne savais pas que c’était dangereux », confie-t-elle en attendant son tour dans une clinique surchargée. Comme elle, des millions d’Africains vivent avec une hypertension ignorée, souvent jusqu’au drame. Pourtant, ce mal invisible n’épargne personne : il concerne 1,4 milliard de personnes dans le monde, dont environ 400 millions en Afrique. Le danger ? Crises cardiaques, AVC, insuffisances rénales… mais aussi une bombe économique pour les pays déjà fragiles.
Une Crise Silencieuse mais Massive
L’hypertension est aujourd’hui le plus grand facteur de risque de mortalité dans le monde. Elle tue 11 millions de personnes chaque année, soit 16 % des décès mondiaux. En Afrique, elle est responsable d’environ 8 % des morts. Derrière ces chiffres, il y a des visages comme celui de Nomsa : des vies ordinaires basculées dans la maladie faute de dépistage ou de traitement.
Le plus inquiétant, c’est que seule une personne sur cinq contrôle sa tension. Cela signifie que plus d’un milliard d’individus vivent avec une pression artérielle élevée, souvent sans le savoir.
Un Mal évitable, mais Négligé
L’hypertension est pourtant prévisible et traitable. Quelques gestes simples – une alimentation plus saine, moins de sel, un suivi médical régulier – suffisent à réduire les risques. Et les médicaments existent. Mais dans de nombreux pays africains, l’accès reste un luxe.
- Seuls 30 % des pays africains disposent de tous les médicaments essentiels.
- Le coût peut représenter jusqu’à 20 % du revenu mensuel d’un foyer modeste.
- Dans certaines régions, on ne compte qu’un médecin pour 5 000 habitants.
« Les pilules existent, mais pas pour nous », résume avec amertume une patiente.
Le Poids de l’Ignorance et des Systèmes Fragiles
En Afrique, près de 60 % des personnes hypertendues ignorent leur état. Le manque de sensibilisation reste l’un des plus grands obstacles. À cela s’ajoutent des infrastructures insuffisantes : cliniques débordées, protocoles inexistants, manque de formation.
Comme le rappelle un cardiologue sud-africain : « Sans sensibilisation, on court à la catastrophe. »
| Indicateur | Valeur Actuelle | Impact | Source |
| Personnes à risque (milliards) | 1,4 | 400 M Afrique | WHO |
| Décès Afrique (%) | 8 | 11 M mondiaux | Africa CDC |
| Pays avec médicaments (%) | 30 | Coût prohibitif | Agence Ecofin |
| Contrôle hypertension (%) | 22 | Médicaments/diète | The Lancet |
Légende
Crise hypertension en Afrique, 2025. Source : WHO, Africa CDC, Agence Ecofin, The Lancet.
Quand la Prévention Change des Vies
Heureusement, des initiatives émergent. Au Kenya, des cliniques mobiles dépistent 10 000 personnes par mois. En Afrique du Sud, des milliers d’infirmiers sont formés pour mesurer la tension. Ces efforts montrent qu’éduquer et prévenir sauve des vies. Mais ils restent trop isolés : seuls 5 % des budgets de santé sur le continent sont consacrés aux maladies non transmissibles, dont l’hypertension.
Fléau ou Défi surmontable ?
Au-delà du drame humain, l’hypertension est aussi une bombe économique : elle pourrait coûter 3,7 trillions de dollars aux pays à faibles revenus d’ici 2025. Ne pas agir, c’est payer deux fois : en vies humaines et en pertes économiques.
Mais le récit peut s’inverser. Avec une volonté politique forte, une sensibilisation massive et un accès équitable aux soins, l’Afrique et le monde peuvent transformer ce tueur silencieux en défi surmontable.
« Sensibiliser, c’est prévenir les tombes », rappelle une cardiologue sénégalaise. Un avertissement qui sonne comme un appel à l’action.
