À Antananarivo, une jeune femme commande une sérénade pour son amoureux. « Je n’ai pas le temps, mais l’amour oui », sourit-elle. Pour 500 000 ariary, des pages comme Cœur Qui Bat ou Ho Anao orchestrent tout : roses, messages et surprises.
Les prestations vont bien au-delà de la simple livraison. Elles incluent le choix du cadeau, la rédaction du message, parfois une sérénade ou l’organisation complète de la surprise. Pour ceux qui manquent de temps, d’idées ou de courage, ces intermédiaires deviennent de véritables artisans de l’émotion.
« L’amour se commande, comme un Uber », glisse une cliente. « Le plus important, c’est de comprendre la personne qui reçoit le cadeau », explique un entrepreneur du secteur. « On ne vend pas juste un bouquet, on vend de l’émotion, un moment mémorable. »
Le Boom des Surprises Connectées
Depuis 2020, Cœur Qui Bat compte 50 000 abonnés sur Facebook. Pour 200 000 ariary, les clients reçoivent un bouquet et un message personnalisé. Ho Anao, concurrent, livre des sérénades à domicile pour 300 000 ariary. En 2025, 50 000 commandes annuelles sont enregistrées à Tana, et la Saint-Valentin représente 40 % des revenus.
L’accessibilité et la praticité séduisent particulièrement les 25-35 ans, qui constituent 70 % des commandes. Les applications et paiements mobiles contribuent à dynamiser le marché, avec une hausse de 30 % des ventes pour les services digitaux. Mais la personnalisation a un coût : une sérénade sur mesure peut atteindre 1 million d’ariary.
« C’est magique, mais parfois impersonnel », confie un client fidèle. Cette tension entre authenticité et commodité illustre la fragilité d’un marché en plein essor.
Le Menu Emotionnel
Le marché propose une variété de services adaptés à chaque budget et occasion :
- Bouquet de 12 roses : 150 000 ariary, livré avec carte.
- Sérénade guitariste : 400 000 ariary, sous le balcon.
- Anniversaire surprise complet : 500 000 ariary, incluant gâteau et ballons.
Près de 20 % des couples urbains font appel à ces services, soulignant leur popularité croissante. Mais à 500 000 ariary pour une surprise complète, le service reste difficilement accessible aux classes moyennes.
| Indicateur | Valeur Actuelle | Croissance | Source |
| Commandes annuelles Tana | 50 000 | +25 %/an | Midi Madagasikara |
| Coût bouquet roses (ariary) | 150 000 | Saint-Valentin x3 | L’Express |
| Emplois créés | 200 | Livreurs/musiciens | Jeune Afrique |
| Revenus marché (milliards ariary) | 2 | Urbain 80 % | L’Observateur |
Légende
Business amour à Madagascar, 2025. Source : Midi Madagasikara, L’Express, Jeune Afrique, L’Observateur.
Une Économie d’Émotion Structurante
Ce marché génère 2 milliards d’ariary par an, emploie directement 200 livreurs, musiciens et artisans floraux, et s’étend même à la diaspora, qui commande des messages vidéo pour 100 000 ariary. La force du bouche-à-oreille crée un cercle vertueux : une surprise réussie peut transformer un client unique en plusieurs commandes répétées.
Pour les entrepreneurs, l’enjeu est clair : allier créativité et authenticité pour pérenniser le marché. Certains envisagent une digitalisation complète des services : applications de planification, suivi des livraisons, recommandations personnalisées.
Défis et Perspectives
Le business sentimental n’est pas exempt de défis :
- Dépendance aux dates clés et aux réseaux sociaux pour la visibilité.
- Concurrence des fleurs à bas prix, importées de Chine.
- Risque de banalisation des émotions, avec un amour « low-cost » qui peut nuire au romantisme.
Malgré cela, le marché continue de croître de 25 % par an et la diaspora représente 40 % des commandes, notamment pour les envois de messages vidéo et de bouquets. Le Saint-Valentin 2025 a généré 800 millions d’ariary, preuve que l’amour sur commande peut être rentable tout en restant émotionnellement significatif.
À Madagascar, l’amour n’est pas seulement un sentiment : il devient un moteur économique et social. Entre bouquets, messages et sérénades, ces services transforment les émotions en revenus, créent des emplois et favorisent la créativité. Entre romantisme et business, ce marché démontre que l’amour peut se vivre… et se vendre, sans perdre sa valeur humaine.

