GRAND ENTRETIEN – À travers une convention signée avec le Ministère du Tourisme et de l’Artisanat, la société International Business Group (IBG) lance un projet d’une ampleur inédite pour identifier, digitaliser, formaliser et moderniser l’ensemble du secteur artisanal malgache. Mr Harouna SAWADOGO, PDG d’IBG Madagascar, nous en dévoile la stratégie et les ambitions.
Focus Austral : Pouvez-vous nous présenter brièvement International Business Group (IBG) et votre implantation à Madagascar ?
Harouna SAWADOGO (H.S.) : International Business Group (IBG) est une société spécialisée dans le développement des affaires mondiales, la conception de projets structurants, de solutions informatiques, le lobbying et le négoce international. Basée en Côte d’Ivoire et dotée d’une présence à Madagascar, nous accompagnons les entreprises et les institutions étatiques dans la conquête de nouveaux marchés et dans la mise en œuvre de stratégies de croissance durable. IBG intervient comme un catalyseur entre les acteurs économiques, les gouvernements et les investisseurs, en Afrique comme à l’international.
Vous venez de signer une convention importante avec le Ministère du Tourisme et de l’Artisanat. Quel est l’objectif de ce partenariat ?
H.S. : Ce partenariat repose sur un projet ambitieux : identifier, géolocaliser, formaliser, digitaliser et moderniser le secteur de l’artisanat. Cela passe par l’élaboration d’un registre officiel des métiers, la création d’une base de données fiable nationale des artisans et entreprises artisanales, l’attribution de cartes professionnelles, et la mise à disposition de services sociaux, financiers, technologiques et commerciaux pour les artisans et entreprises artisanales.

Un Levier Stratégique pour l’Économie Nationale
Pourquoi IBG a-t-elle choisi de s’impliquer dans un secteur aussi spécifique que l’artisanat malgache ?
H.S. : Le secteur de l’artisanat est, selon nous, un levier stratégique pour le développement économique de Madagascar. C’est un pourvoyeur d’emplois majeur et l’un des piliers de l’économie nationale. Il permet non seulement de valoriser les savoir-faire locaux, mais aussi de contribuer à la création de richesse, à l’innovation et au développement social.
Dans un pays où le chômage reste un défi structurel, l’artisanat offre une réponse concrète et inclusive. Il touche toutes les régions, mobilise des compétences variées, et permet d’intégrer rapidement de nombreux jeunes et femmes dans des dynamiques économiques viables. C’est pourquoi IBG s’engage dans sa structuration et sa modernisation. Nous sommes convaincus qu’un artisanat organisé et soutenu peut fortement participer à la réduction du chômage et à l’amélioration des conditions de vie.
Nous sommes convaincus qu’un artisanat organisé et soutenu peut fortement participer à la réduction du chômage et à l’amélioration des conditions de vie des Malgaches.
Concrètement, quels sont les objectifs de ce projet ?
H.S. : L’objectif principal est de créer une base de données fiable sur le secteur via un registre national des métiers. Ce registre permettra de mieux le structurer, le comprendre et en améliorer la gestion.
Plus spécifiquement, nous visons à :
- Répertorier l’ensemble des métiers et qualifications ;
- Fournir à l’État une base de données fiable des artisans et entreprises artisanales ;
- Restructurer et formaliser le secteur dans un cadre réglementaire clair ;
- Améliorer les conditions de vie des artisans par un accompagnement technique et social ;
- Accroître leurs revenus et faciliter leur accès à la commande publique et aux financements ;
- Proposer des formations adaptées pour renforcer leurs compétences et leur compétitivité.
L’ambition est de transformer l’artisanat en un secteur organisé, moderne et pleinement intégré au développement économique du pays.
De la Carte Professionnelle à l’E-commerce : une Révolution pour l’Artisan et l’Entreprise Artisanale
Quels types de soutien concret les artisans et entreprises artisanales recevront-ils ?
H.S. : Le programme offre une gamme complète de services pour structurer, sécuriser et développer leur activité. Chaque artisan et entreprise artisanale recensés recevront une carte professionnelle, base de leur reconnaissance institutionnelle.
Ensuite, nous déployons plusieurs leviers :
- Communication : Des partenariats avec les opérateurs mobiles proposeront des offres adaptées (appels préférentiels, accès internet, mobile money, flotte).
- Protection sociale : Des solutions d’assurance à coût réduit (risques professionnels, santé, accidents, retraite) et une intégration aux caisses de sécurité sociale sont prévues.
- Bancarisation : L’accès à un compte, à des services bancaires et à des crédits adaptés pour financer leur activité.
- Logistique : Des services postaux incluant adresses, géolocalisation et transport de marchandises à coûts réduits.
- Commercialisation : Une plateforme d’e-commerce pour vendre leurs produits et un annuaire numérique pour accroître leur visibilité.
- Infrastructures : Des projets immobiliers sont prévus pour reloger les artisans précaires dans des espaces modernes et adaptés, comme des villages artisanaux connectés, la construction de logements sociaux et économiques.
- Fiscalité : Une collaboration avec l’administration pour un régime d’imposition forfaitaire simple, qui leur ouvrira l’accès aux marchés publics et aux financements.
En somme, ce programme vise à créer un environnement où les artisans et entreprises artisanales peuvent exercer leur métier dans la dignité, la sécurité et la visibilité.
À quels profils d’artisans et entreprises artisanales s’adresse ce programme en priorité ?
H.S. : Il s’adresse à tous les artisans et entreprises artisanales de Madagascar, sans distinction de niveau ou de région. Nous couvrons plus de 250 métiers répertoriés dans les 8 grandes branches d’activités : agroalimentaire, bâtiment, textile, bois, métal et mécanique, audiovisuel, hygiène et soins, et artisanat d’art.
Digitalisation et Débouchés Commerciaux
La digitalisation est au cœur du projet. Comment va-t-elle se traduire pour les artisans ?
H.S. : Par des outils très concrets : un annuaire numérique, un marché virtuel (e-commerce), des outils de gestion simplifiée et des profils professionnels en ligne. La digitalisation vise à renforcer leur visibilité, leur accès au marché et leur autonomie. Nous déploierons des agents de terrain dans toutes les régions pour former et accompagner les artisans dans la prise en main de ces outils.
Ce projet va-t-il les aider à mieux vendre leurs produits, localement et à l’international ?
H.S. : Oui, c’est un pilier du projet. En créant une vitrine commerciale pour chaque artisan, via le registre numérique, la plateforme e-commerce et des événements dédiés, nous leur donnerons accès à de nouveaux clients, à des acheteurs institutionnels et, à terme, à des marchés d’exportation.
Appel aux Artisans et aux Partenaires
En dehors de l’artisanat, quels autres domaines intéressent IBG Madagascar ?
H.S. : Nous accordons une attention particulière au secteur agricole qui, tout comme l’artisanat, constitue un pilier vital de l’économie malgache.
Quel message final souhaiteriez-vous adresser ?
H.S. : J’encourage vivement tous les artisans et entreprises artisanales malgaches à rejoindre ce programme. Il a été conçu pour eux, afin de structurer leur activité, accroître leur chiffre d’affaires et améliorer leur bien-être social. Cela leur permettra de sortir de l’ombre et d’être enfin reconnus et accompagnés.Je m’adresse également aux partenaires : cette initiative est une opportunité unique. En vous associant au projet, vous accédez à un portefeuille de milliers d’artisans et entreprises artisanales identifiés et structurés. C’est un vivier de clients potentiels pour les assureurs, les banques, les opérateurs télécoms ou les formateurs. Au-delà de l’intérêt économique, il s’agit de contribuer à une transformation sociale positive pour un secteur clé du développement de Madagascar. Enfin je remercie le gouvernement malgache à travers la ministre du tourisme et de l’artisanat Madame Viviane DEWA pour la confiance accordée à IBG Madagascar, conceptrice de ce projet ; et son engagement sans faille pour la modernisation et le développement de l’artisanat malgache.