Signe d’une confiance retrouvée dans le potentiel du continent, les géants hôteliers américains Hilton et Marriott annoncent des plans d’expansion massifs. Une offensive qui vise de nouvelles frontières, de l’Angola à Madagascar, et confirme l’essor du tourisme africain.
Un Vote de Confiance Massif pour le Tourisme Africain
Le signal envoyé à la mi-juin 2025 est sans équivoque. En annonçant quasi simultanément des stratégies d’expansion ambitieuses, les deux leaders américains de l’hôtellerie mondiale, Hilton et Marriott, placent l’Afrique au cœur de leur croissance future. Hilton prévoit de plus que tripler son portefeuille sur le continent pour atteindre plus de 160 hôtels. De son côté, Marriott compte ajouter 50 nouvelles propriétés d’ici 2027 à son catalogue africain déjà bien fourni.
Cette vague d’investissements n’est pas un pari à l’aveugle. Elle est la réponse stratégique à une dynamique de fond : la croissance fulgurante du tourisme sur le continent. Selon l’Organisation Mondiale du Tourisme des Nations Unies (OMT), les arrivées internationales en Afrique ont bondi de 9% en glissement annuel au premier trimestre 2025, dépassant de 16% les niveaux de la même période en 2019, avant la pandémie. Le secteur, qui pèse déjà entre 3% et 7% du PIB dans des économies comme le Kenya ou l’Afrique du Sud et jusqu’à 15% à Maurice ou en Namibie, est en pleine ébullition.
Au-delà des Destinations Classiques, la Conquête de Nouvelles Frontières
Plus révélateur encore que l’ampleur des plans est la géographie de cette expansion. Si les marchés traditionnels restent importants, l’offensive de Hilton et Marriott est marquée par une diversification vers de nouvelles destinations, longtemps restées en marge des grands circuits. Hilton s’apprête à faire son entrée en Angola, au Ghana et au Bénin. Marriott, de son côté, plantera son drapeau au Cap-Vert, en Côte d’Ivoire, en République Démocratique du Congo (RDC) et en Mauritanie.
Ce mouvement indique une maturation du marché africain. L’intérêt n’est plus seulement concentré sur les safaris kényans ou les plages sud-africaines. Il est désormais tiré par une combinaison de facteurs : le tourisme d’affaires lié aux ressources en Angola et en RDC, l’attractivité culturelle et la stabilité politique croissante en Afrique de l’Ouest, et le potentiel balnéaire unique du Cap-Vert.
Madagascar, le Grand Retour : Un Symbole Fort pour la Région
Fait particulièrement notable pour la région de l’Océan Indien, Madagascar figure dans les plans d’expansion des deux groupes. Ce retour annoncé des géants de l’hôtellerie sur la Grande Île est un signal fort de confiance dans la relance de son secteur touristique. Après des années de sous-investissement de la part des grandes marques internationales, ce regain d’intérêt pourrait catalyser de nouveaux investissements et contribuer à mieux positionner les atouts uniques de Madagascar (biodiversité, paysages) sur la scène mondiale.
Un Écosystème en Pleine Effervescence
L’optimisme du secteur hôtelier est partagé par l’industrie du transport aérien, condition sine qua non du développement touristique. Les compagnies aériennes augmentent leurs capacités vers le continent : Emirates propose désormais 161 vols hebdomadaires, United Airlines a lancé une route directe Washington-Dakar en mai, et Delta s’apprête à desservir Accra quotidiennement. Cet alignement des stratégies entre hôteliers et transporteurs crée un cercle vertueux, rendant le continent plus accessible et attractif pour les voyageurs d’affaires comme de loisirs.
Les Défis d’une Croissance Durable
Si les voyants sont au vert, cette croissance rapide n’est pas sans défis. L’arrivée de ces géants hôteliers va intensifier la concurrence pour les acteurs locaux et régionaux. Surtout, pour que ce développement soit pérenne, il devra s’accompagner d’investissements massifs dans les infrastructures de soutien (routes, aéroports, réseaux d’eau et d’énergie). La formation d’un personnel qualifié, capable de répondre aux standards de service internationaux, représente un autre enjeu majeur. Enfin, les États et les opérateurs devront veiller à ce que cette croissance soit durable et inclusive, en s’assurant qu’elle bénéficie aux communautés locales et qu’elle ne se fasse pas au détriment du capital environnemental et culturel unique qui constitue le principal atout de l’Afrique.