Dans un contexte de hausse généralisée des prix, tous les postes de dépenses ne pèsent pas pareil dans le quotidien. Pour de nombreux foyers africains, trois secteurs concentrent l’essentiel de la pression : l’énergie, les transports et le logement. Ces dépenses incompressibles grignotent les revenus bien plus rapidement que les hausses de salaire ou les aides publiques. Mais pourquoi ces trois postes explosent-ils — et que révèlent-ils de nos économies ?
L’énergie, cœur brûlant de l’inflation
Qu’il s’agisse de l’électricité, du gaz ou du charbon, les tarifs ne cessent d’augmenter. À Madagascar, au Kenya ou au Sénégal, la hausse des coûts de production — liée aux importations de carburant, aux fluctuations des cours mondiaux et à des infrastructures énergétiques vétustes — se répercute directement sur les ménages.
Le paradoxe ? Dans de nombreux pays, les subventions étatiques baissent ou disparaissent, poussant les prix vers le haut au nom d’une « vérité des coûts ». Résultat : des foyers obligés de réduire leur consommation… ou de se tourner vers des solutions informelles et souvent plus dangereuses.
Le transport, une charge silencieuse mais croissante
Entre la flambée du carburant, l’entretien des véhicules et la dégradation des infrastructures routières, le coût du transport devient un fardeau. Pour les citadins, les taxis et minibus sont souvent la seule option viable, mais leur prix suit directement le cours du baril. En milieu rural, le problème est aggravé par le manque d’options publiques et la rareté du carburant.
Cette pression a aussi des effets indirects : hausse du coût des marchandises, baisse de la mobilité pour l’emploi, renoncement à certains services de santé ou d’éducation par manque de moyens pour s’y rendre.
Le logement, un rêve devenu hors de prix
Dans les capitales africaines, les loyers atteignent des sommets, bien au-delà de l’évolution des revenus. À Antananarivo, Nairobi ou Abidjan, le marché locatif reste largement non régulé, et les logements de qualité se font rares.
Face à l’exode rural et à la croissance démographique, la demande dépasse largement l’offre. Résultat : des millions de ménages consacrent plus de 40 % de leurs revenus à se loger, au mépris de toute norme de solvabilité. Pour les plus pauvres, l’habitat précaire devient la seule option.
Vers une impasse budgétaire pour les classes moyennes ?
Ce triptyque explosif — énergie, transport, logement — érode chaque mois un peu plus la capacité d’épargne des familles. Même les classes moyennes, jadis moteur de consommation, se retrouvent asphyxiées. Le sentiment d’appauvrissement s’intensifie, y compris chez les salariés du secteur formel.
Et demain ? Des réponses encore trop timides
Les politiques publiques tardent à apporter des solutions structurelles. Si certaines initiatives locales (bourses au logement, subventions ciblées, transports publics électriques) émergent, elles restent limitées face à l’ampleur du problème.
Il est urgent d’investir dans des solutions durables : logement abordable, transport collectif fiable, énergies renouvelables à grande échelle. Sinon, les inégalités continueront de se creuser… dans le silence des factures impayées.