Feu vert technique du FMI pour Madagascar (avril 2025) après la 2ème revue FEC/FRD. 108 M$ en vue, mais le Fonds exige la poursuite des réformes structurelles cruciales, surtout la gouvernance et l’énergie. Crédibilité renforcée, vigilance requise.
Un Examen Réussi Qui Redonne de l’Air (et du Crédit)
Au terme d’une mission de deux semaines à Antananarivo début avril 2025, l’équipe du Fonds Monétaire International dirigée par Constant Lonkeng a conclu un accord technique avec les autorités malgaches. Cet accord porte sur la deuxième revue des programmes soutenus par la Facilité Élargie de Crédit (FEC, environ 337 M$ approuvés en juin 2024) et la Facilité pour la Résilience et la Durabilité (FRD, environ 321 M$ approuvés en juin 2024). Le constat principal est positif : Madagascar a respecté la quasi-totalité des critères de performance quantitatifs et des repères structurels fixés pour la fin décembre 2024. La discipline budgétaire, avec un déficit inférieur aux prévisions grâce à une maîtrise des dépenses et une collecte fiscale conforme aux attentes, a été particulièrement saluée. Cette performance, obtenue dans un contexte mondial incertain et après une période où la gestion passée avait été critiquée par le nouveau gouvernement, est vue comme un signal encourageant de reprise en main macroéconomique et de renforcement de la crédibilité du pays.
Discipliner les Finances, Réformer l’Énergie : Les Chantiers Prioritaires
Si le satisfecit est là, le FMI insiste lourdement sur la nécessité impérieuse de poursuivre et d’accélérer les réformes structurelles. La stabilité macroéconomique reste une priorité, passant par le maintien d’une politique de change flexible pour absorber les chocs externes et une maîtrise de l’inflation qui restait persistante (autour de 8,6% fin 2024). Au cœur des préoccupations figure la réforme du secteur énergétique et le redressement de la compagnie nationale d’eau et d’électricité, la JIRAMA. Le FMI souligne l’urgence d’adopter et de mettre en œuvre rapidement un plan d’assainissement pour cette entreprise publique plombée par les pertes, les dettes colossales (estimées à plusieurs points de PIB en incluant les créances de l’État) et les problèmes de gouvernance, qui pèse lourdement sur les finances publiques. Parallèlement, la transition énergétique, avec un accent sur le potentiel solaire immense mais sous-exploité du pays (objectif de 75% d’électrification d’ici 2030), est encouragée pour réduire les coûts et améliorer l’accès. Enfin, le FMI soutient le maintien du mécanisme d’ajustement automatique des prix des carburants, mis en place pour réduire les subventions coûteuses et dégager des marges budgétaires pour les dépenses sociales et d’investissement.
La Bonne Gouvernance, Condition Sine Qua Non du FMI
Le message du FMI est sans équivoque : la gouvernance et la transparence sont des conditions non négociables pour la pérennité des progrès et la confiance des partenaires. L’institution de Bretton Woods appelle à une mise en œuvre « rapide et effective » de la nouvelle Stratégie Nationale de Lutte contre la Corruption (SNLCC) 2025-2030, adoptée récemment. Cet instrument est jugé central pour améliorer le climat des affaires et restaurer la confiance. Une attention particulière est également portée au Fonds Souverain Malagasy, véhicule destiné à gérer les futures richesses issues des ressources stratégiques du pays (qui a notamment pris une participation dans le projet minier QMM). Le FMI insiste sur la nécessité d’une transparence irréprochable dans sa gestion dès le départ pour garantir une utilisation efficiente des ressources publiques et prévenir tout risque d’opacité.
108 Millions USD Pour Accompagner (et Surveiller) la Suite
Sous réserve de l’approbation finale de son Conseil d’administration et de la finalisation de certaines actions par les autorités malgaches, cet accord technique ouvre la voie à un décaissement combiné d’environ 108 millions de dollars (51 M$ au titre de la FEC et 57 M$ au titre de la FRD). Ce bol d’air financier viendra soutenir la balance des paiements, renforcer les réserves de change et offrir une marge de manœuvre budgétaire pour financer les dépenses prioritaires, notamment sociales et d’investissement dans les infrastructures. Il s’agit surtout d’un signal de confiance important envoyé aux autres partenaires techniques et financiers et aux investisseurs privés, conditionné toutefois à la poursuite effective des réformes agréées.
Au-delà du Satisfecit, l’Épreuve de la Transformation Durable
La conclusion positive de cette deuxième revue FMI est une étape significative pour Madagascar. Elle valide les efforts de stabilisation récents et renforce la crédibilité internationale du pays. Cependant, le chemin reste long et ardu. La stabilisation macroéconomique, bien que nécessaire, n’est qu’une première étape. Le véritable défi consiste à traduire ces équilibres retrouvés en une croissance économique plus forte (les prévisions restent modérées, autour de 4,6-4,7% pour 2025), plus inclusive et créatrice d’emplois, capable de réduire significativement la pauvreté endémique.Le succès dépendra entièrement de la capacité et de la volonté politique à mettre en œuvre les réformes structurelles profondes et souvent difficiles, en particulier l’assainissement de la JIRAMA, la lutte effective contre la corruption à tous les niveaux, l’amélioration de l’environnement des affaires et l’investissement dans le capital humain. Le satisfecit du FMI est un encouragement, mais l’épreuve de la transformation durable ne fait que commencer pour la Grande Île.